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Les jeux de lancer

 « Le chien doit courir après la balle et la rapporter, c'est comme cela que l'on joue avec un chien, et c'est comme cela que j'ai toujours fait.»

 

           Le chien courant après un bâton ou une balle, voici une image très encrée dans l'inconscient collectif comme étant une activité sympathique de partage avec notre compagnon à quatre pattes, et quel bonheur cela peut être de voir s'esquisser sur la bouille de notre chien ce sourire, langue sortie, du toutou hors d'haleine, sautant partout, la queue battante !

 

La chimie du jeu de lancer

           L'activité physique est excellente pour la santé du chien (et de son humain), elle est même essentielle à son bien-être : le fait de se mouvoir dans l'espace, trotter dans la forêt, dans les parcs, dans les prairies, prendre les odeurs et les décrypter, courir dans les hautes herbes sans but, cela permet au chien de s'apaiser : le mouvement de ses muscles et la dépense énergétique va enclencher un processus de sécrétion d'endorphines dans son organisme qui procure une sensation de bien être et d'apaisement.

           On a tendance à penser que le fait de courir après une balle ou un bâton procurera le même effet de soulagement et d'apaisement, par la dépense physique de courir. Dans les faits, voici ce qu'il se passe dans l'organisme du chien qui court après sa balle ou son bâton : 
L'objet "part" à grande vitesse, il "fuit" le prédateur qu'est le chien. Immédiatement les glandes surrénales vont sécréter une hormone connue des grands sportifs : l'adrénaline. 
           L'adrénaline (hormone du stress) va provoquer dans l'organisme une accélération du rythme cardiaque, une hausse de la pression artérielle, une dilatation des bronches ainsi que des pupilles : le chien entre en état d'alerte, qui est le même en vue de la poursuite d'une balle ou d'un bâton (ou d'une proie) que dans le cadre d'une situation de danger duquel il devra prendre la fuite, ou contre lequel il faudra se battre. Le chien est en transe, en hyper-vigilance, et plus la situation de poursuite dure, plus le taux d'adrénaline dans son organisme augmente, plus il lui sera ensuite difficile de "redescendre", d'éliminer l'adrénaline et de revenir à un état d'apaisement, cet état de transe peut durer plusieurs jours.

             

             Outre l'impact sur le cerveau du chien, les jeux de lancers ne sont pas sans conséquence sur le système ostéo-articulaire du chien : la répétition de démarrages brutaux, qu'ils ailles dans l'axe ou en demi-tour, altèrent à la fois la structure ligamentaire, tendineuse et cartilagineuse des articulations postérieures du chien, et plus encore du chiot ! La réception sur les antérieurs peut également abîmer les épaules, les coudes, les vertèbres de l'avant du corps, ces traumas répétés ne sont pas à négliger.

 

 

Faut-il arrêter totalement les jeux de lancers dans ce cas ?

 

Nymëria, avec laquelle j'ai fait beaucoup de jeux de lancers, aime prendre un bâton pour se faire poursuivre
Nymëria, avec laquelle j'ai fait beaucoup de jeux de lancers, aime prendre un bâton pour se faire poursuivre

             Je dirais oui... et non. Tout dépend comment c'est fait.
Pour ce qui est de la partie mécanique, il est recommandé d'éviter ces jeux de lancer avant la fin de la croissance (15-18 mois), d'y aller progressivement lorsque l'on commence à en faire avec son chien et de toujours bien l'échauffer au préalable, en évitant toujours les lancers en demi-tour. Pour ma part, je les évite à présent, après avoir fait l'erreur avec Nymëria d'en faire beaucoup, car je ne recherche pas des chiens réactifs au mouvement, et les bergers ont cette propension à, naturellement, avoir ce réflexe là. Renforcer la réactivité au mouvement d'une balle lancée, c'est aussi renforcer la réactivité au chat qui part en courant, au vélo qui passe, au jogger... Le chien apprend le plaisir qui est de courir après la balle, l’attraper, la serrer entre ses mâchoires, il lui faut de la finesse pour dissocier ce comportement de celui de la poursuite du chat.

                       Néanmoins, le jeu de lancer peut être un immense atout pour apprendre les autocontrôles à son chien ! En effet, si vous lui apprenez le "assis" et attendez de lui qu'il ne bouge pas, lancer une balle peut faire partie des difficultés que vous pouvez ajouter à l'exercice, mais chaque chose en son temps, ne brûlez pas les étapes de votre travail ! 

 

 

Comment peut-on "bien" jouer à la balle ou au bâton dans ce cas ?

 

              Vous avez les ingrédients au dessus : il faut savoir doser le taux d'adrénaline et d'endorphine de votre chien. Le jeu de lancer ne doit pas se composer de lancers répétitifs avec rapports d'objet et lâcher du jouet, c'est en effet le meilleur moyen de faire monter votre chien très haut en excitation car, comme vu au dessus, l'adrénaline monte, monte, monte et ne peut pas redescendre.
             Il vous faudra donc vraiment bien connaître votre chien, et reconnaître les signes précurseurs du "too much*". Avant que votre chien n'approche de cette limite, il faudra lui proposer un activité apaisante. Certains chiens s'apaisent eux-mêmes en mâchant longuement la balle ou le bâton, en le détruisant, le mettant en charpie : ne stoppez pas cette activité. La mastication fait partie de ces activités qui permettent au chien de faire descendre la tension, le chien y évacue en serrant les dents sur l'objet ce trop plein d'énergie, et redescendre. Utilisez cette activité comme un outil pour rendre le jeu de lancer plus équilibré, ne proposez un nouveau lancer que lorsque votre chien a stoppé son activité de destruction, mastication. 
 

 

             Si votre chien ne propose pas de lui même ce comportement d'apaisement, vous pouvez lui proposer une autre activité entre chaque lancer, comme un comportement d'auto-contrôle (reste / attends / pas bouger) puis vous faites semblant de cacher le jouet dans différents endroits, en le cachant dans l'un de ces endroits, avant de revenir vers votre chien pour le libérer et le laisser chercher le jouet : l'activité qui consiste à renifler, lire les odeurs, fait réfléchir le chien. Toutes les activités de flair l'obligent à se concentrer, et la concentration nécessite une baisse naturelle de la tension. Votre chien redescendra donc de lui même en pression en passant à cette activité de recherche de son jouet, qui peut être suivie, une fois le jouet trouvé, d'une activité masticatoire (le combo gagnant !).

 

             Enfin, avant de rentrer à la maison, il peut être bon de prolonger la promenade afin que le chien se "vide" de cette adrénaline, renifle, fasse des choses calmes comme renifler les odeurs de ses congénères, des animaux passés par là, quitte à lui lancer des friandises ou une partie de sa ration dans la pelouse du jardin afin qu'il réfléchisse, cherche et décompresse. Amusez-vous bien ! 




 

 

* too much : trop

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